Somptueuse Hermione !
Surgie lentement de tant de mains, de tant de cerveaux, de tant de rêves mêlés durant dix-sept années. Comment un bateau, initialement destiné à guerroyer et donc à donner la mort, peut-il être si beau et toucher tant de cœurs ? Sans doute car sa forme est gracieuse, équilibrée ? Sans doute car ses matériaux sont nobles et naturels ? Sans doute car sa réalisation a nécessité tant de talents conjugués, d’imaginations fédérées, de stratégies réinventées ?
L’arsenal de Rochefort fut son père, la Charente sa mère, l’Atlantique sera son époux. Aidé de son frère le Vent, il la portera vers de nouveaux rivages, fier de montrer au Nouveau Monde la belle Française, la belle Charentaise.
Et à nous les Charentais Maritimes qui l’avons côtoyée et suivi toutes ces années, elle manquera comme un enfant qui quitte la maison pour parcourir le monde. Mais nous savons qu’elle reviendra, encore et encore, en évitant certains récifs Croisicais. Et nous serons heureux et fiers d’avoir cru en notre rêve et de l’avoir tant partagé.
Il faut croire en ses rêves pour mieux vivre nos vies… A notre modeste échelle, nous l’avons fait, il y a dix-sept années aussi, en ressuscitant notre logis au moins aussi âgé que la première Hermione, à peine moins long et moins large qu’elle. Nos visiteurs sont moins nombreux que les siens mais ils viennent et reviennent aussi de toutes les provinces de France et de nombreuses régions du monde pour accompagner et partager notre aventure.
Le nom de Lafayette reste à jamais associé à celui d'Hermione ; Lafayette qui fut l'ami de notre illustre prédécesseur dans cette maison, Audry de Puyraveau. Les deux hommes se sont cotoyés sur les bancs de l'Assemblée Nationale, ou lors des journées de juillet 1830, peut-être sur le pont de l'Hermione puisqu'Audry était député de Rochefort, peut-être même au Clos de la Garenne chez lui, qui sait ? Ce qui est certain, c'est que les deux hommes ont aussi cru en leurs rêves et sacrifié beaucoup pour qu'ils se réalisent.
