Table d'hôtes inspirante : historiettes de cuisine

#cuisine , #tabledhotes , #écriture

Cuisiner c’est la classe !

A l’école, on apprend toutes sortes de matières et on écrit ses devoirs dans son cahier de texte.
En cuisine, on joue avec les matières et les textures.

Cours de Français, voire de Langues étrangères pour déchiffrer les recettes.
Cours de Mathématiques pour calculer les proportions, les quantités et les portions.
Cours d’Histoire pour comprendre l’évolution des menus, des aliments, des régimes.
Cours de Géographie pour découvrir l’origine des plats, des ingrédients, des épices.
Cours de Physique Chimie pour appréhender la transformation des matières.
Cours de Sciences et Vie de la Terre pour savoir d’où proviennent végétaux et animaux.
Cours de Travaux Manuels pour fabriquer entremets, pâtés et décors de table.
Cours de Dessin pour décorer gâteaux et assiettes.
Cours de Gym pour porter paniers de victuailles et marmites pleines, pour récurer et astiquer ustensiles et casseroles, pour nettoyer la cuisine.
Cours d’Anatomie pour développer et utiliser ses cinq sens en cuisinant.

La cuisine, c’est l’école de la vie et du partage. 

BCF janvier 2018

Le torchon à carreaux

Bonjour, vous me reconnaissez ? J’ai beau avoir des carreaux je ne suis pas transparent ! Surtout que plus on m’utilise, plus on me souille. Dans la cuisine ou la souillarde, je suis indispensable et pourtant anonyme. On m’empile dans le placard avec mes frères, on me saisit en haut de la pile, on me chiffonne, on me « chiffe molle », on me mouille, on me « manipule » devant le four, on me « cochonne » autour du jambon, on me tord pour exprimer les jus, on me balance sur l’épaule ou dans la poche du tablier, on me fait tomber par terre, on me jette au linge sale, on me lave en me donnant le tournis, on me sèche au grand vent ou dans un tambour sans orchestre, on m’écrase sous un fer brûlant et on me replace en bas de la pile, vidé de mon énergie ! Il m’en faut pourtant pour astiquer la « batterie » de cuisine ou me frotter contre fine porcelaine, brillante argenterie et délicat cristal selon que je suis de lin, de métis ou de coton… J’en vois de toutes les couleurs ! Puis un jour, un jour où je filerai un mauvais coton sans doute, je finirai troué et taché dans la panière à chiffons à défaut de chiffonnier, qu’il soit meuble ou humain ! Je servirai encore bien sûr, à des tâches plus obscures, poussiéreuses ou graisseuses. Et enfin, si je ne suis même plus apte à confectionner une lirette*, le feu me dévorera, la terre me digérera ou l’eau détrempera mes lambeaux pour élaborer de la pâte à papier, à moins que le vent dissémine mes fibres jusque dans les nids des oiseaux ? Vous ne me reconnaîtrez plus mais je serai toujours présent !

*Lirette : petit tapis tissé avec des morceaux de tissus usagés roulés sur eux-mêmes.

BCF janvier 2018